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Une avancée de la médecine régénérative

Une équipe multidisciplinaire, coordonnée par Amanda Silva Brun, Florence Gazeau et Claire Wilhelm du laboratoire Matière et systèmes complexes (MSC) et par le Dr. Gabriel Rahmi avec des cliniciens de l’Hôpital Européen Georges Pompidou, apporte un nouvel espoir pour le traitement des fistules digestives.

 

Pharmacien, biologiste, physicien et médecins ont rassemblé leurs compétences pour mener des travaux de recherche qui font l’actualité ces jours-ci. Tout a commencé par la rencontre entre Amanda Silva Brun, pharmacienne et chercheuse au MSC (unité mixte 7057 CNRS-Paris Diderot), et Gabriel Rahmi, médecin gastro-entérologue à l’hôpital Georges-Pompidou à Paris. « Lui cherchait un traitement pour les fistules digestives et moi, je m’intéressais aux nano-vésicules extracellulaires dans le cadre de la médecine régénérative. Nous avons croisé nos centres d’intérêt », résume Amanda Silva Brun.

Les chercheuses du laboratoire MSC travaillent depuis des années dans la perspective de montrer que les nano-vésicules extracellulaires possèdent des propriétés thérapeutiques, utiles en médecine régénérative. Amanda Silva Brun explique que les vésicules en question ont longtemps été considérées comme de la « poussière cellulaire ». Mais depuis une dizaine d’années, les études montrent qu’elles ont des effets bénéfiques comparables à certaines thérapies cellulaires. « Pour restaurer la fonction d’un organe, les scientifiques ont d’abord injecté des cellules souches. Mais celles-ci peinent à survivre dans des tissus défaillants. En revanche les vésicules peuvent s’avérer aussi efficaces et plus sûres puisqu’elles ne se divisent pas et ne se différencient pas. Par conséquent les risques de prolifération de cellules provoquant  des tumeurs et les risques d’embolie lors de l’injection sont bien inférieurs ». Pour le dire autrement, avec les vésicules, les chercheurs ont l’espoir de mieux contrôler les risques la thérapie régénérative. Amanda Silva Brun ajoute, pour appuyer sa démonstration, que les vésicules ont également le mérite d’avoir une logistique moins contraignante en se conservant bien après congélation.

 

Une publication dans la revue ACS Nano

En 2016, l’équipe composée de médecins de l’hôpital Georges-Pompidou et de l’université de Strasbourg a travaillé ensemble dans le but de concevoir un modèle de fistules digestives. Ce travail comprenant une série d’opérations au bloc menées par le chirurgien Silvana Perretta et le gastro-entérologue Gabriel Rahmi a abouti à l’injection de ces fameuses vésicules cellulaires à des cochons souffrant de fistules digestives. « Nous avons montré que l’injection locale de ces vésicules dans un gel thermosensible administré dans la fistule a induit 100% de fermeture des fistules digestives ». Combiner les vésicules à un biomatériau thermosensible permet une administration à froid dans son état liquide pour combler les trajets des fistules, et de retenir in situ les vésicules grâce à sa gélification à température corporelle. 

Ces résultats, très prometteurs et pionniers, sont parus le 23 octobre dans la revue ACS Nano, connue pour avoir un fort impact chez les scientifiques experts de la nano-médecine. Les chercheurs envisagent à présent de tester leur nouvelle approche dans un modèle de fistules périnéales (maladie de Crohn), avec l’espoir de remplacer dans le futur l’injection de cellules souches par un gel de vésicules, administré localement de façon peu contraignante pour une thérapie plus simple, plus sûre et plus efficace.

Laboratoire

Matière et Systèmes Complexes

Le laboratoire « Matière et Systèmes Complexes » (MSC) est une unité mixte de recherche du CNRS et de l’université (UMR 7057).
Traitement pour les fistules digestives

Un brevet et une start-up à la clé

Au cours de ces travaux de recherche sur les fistules digestives, les chercheurs ont mis au point une méthode permettant de forcer la cellule à produire des vésicules extracellulaires. L’équipe a déposé un brevet pour protéger cette méthode, qui multiplie la production des vésicules par dix et à une vitesse dix fois supérieure. Une ancienne doctorante du laboratoire MSC, Jeanne Volatron et son collègue Nicolas Rousseau ont pour projet de développer une start-up pour « exploiter » cette méthode.

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