Portrait
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Antoine Kouchner, nouveau directeur du laboratoire APC

Antoine Kouchner, physicien des astroparticules et « enfant » de Paris Diderot, a pris la tête du laboratoire APC (AstroParticule et cosmologie)

Quand il évoque ses années d’études à l’UFR Physique de l’université Paris Diderot, Antoine Kouchner nous parle très vite de ses rencontres décisives avec les professeurs André Brahic et Luc Valentin. « Il m’ont donné le goût de la recherche scientifique. Moi qui était attiré par la physique des particules et par l’astrophysique, les enseignants de notre université m’ont montré que la physique des particules permettait de sonder le ciel ». Après un DEA passé à la fin des années 90 à Paris Diderot, Antoine Kouchner réalise une thèse au CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) sur un nouveau messager : les neutrinos. Les chercheurs commencent à se dire que ces particules élémentaires pourraient être une nouvelle fenêtre d’observation de l’univers. « A l’époque, les astrophysiciens exploraient l’espace grâce aux photons. Petit à petit, ils se sont penchés sur les rayons cosmiques, les ondes gravitationnelles et sur les neutrinos ».

Après un post-doctorat à Chicago, il est nommé Maître de conférences à l’université Paris Diderot en 2002. « J’ai choisi l’université, alors qu’une place m’était accordée au CNRS, pour me retrouver devant les étudiants. J’aime transmettre et sentir l’humeur des amphis et salles de TD en L1 commme en M2 ». Trois ans plus tard, le laboratoire APC (AstroParticule et cosmologie) est créé par une poignée de chercheurs convaincus de la pertinence d’inventer l’astrophysique multi-messagers, de faire côtoyer les physiciens des particules et les cosmologues, de partir de l’infiniment petit pour comprendre l’infiniment grand. Antoine Kouchner entre aussitôt dans ce « laboratoire de rêve » et devient rapidement le responsable du groupe en charge des recherches sur les neutrinos.

A la recherche des neutrinos

Depuis la fin de sa thèse dirigée par Luciano Moscoso, il participe activement au projet Antarès, en partenariat avec des équipes du CEA et du CNRS. Les chercheurs ont immergé en 2008 un détecteur de neutrinos dans la mer méditerranée, au large de Toulon. Ce télescope géant, placé dans le noir au fond de l’eau, permet d’observer les neutrinos qui proviennent de l’hémisphère sud après une traversée de toute la terre en ligne droite. « En se plaçant dans les abysses, nous parvenons à observer le ciel qui est aux antipodes. C’est étonnant, mais les résultats sont probants ». Ce pan de la recherche ne cesse de progresser ces dernières années, la piste explorée dès la thèse par Antoine Kouchner était porteuse. Les neutrinos sont à la croisée de plusieurs axes de recherche, le prix Nobel de physique 2015 a par exemple été attribué à deux chercheurs ayant démontré que cette particule élémentaire était finalement massive. En France, la plus grosse équipe travaillant sur les neutrinos appartient au laboratoire APC et Antoine Kouchner a coordonné un temps la vingtaine de chercheurs du groupe.

Quand Stavros Katsanevas succède à Pierre Binétruy à la tête du laboratoire APC en 2014, il demande un peu plus tard à Antoine Kouchner d’être directeur adjoint. « J’ai accepté puisque la recherche avance dans un élan collectif. Aujourd’hui, je prends la direction du laboratoire, après une période d’intérim assurée par Sotiris Loucatos, fort d’une bonne connaissance des tutelles : les responsables du CEA, du CNRS, de l’université Paris Diderot et de l’Observatoire de Paris. J’ai suivi les dossiers, notamment celui du rapprochement avec Paris Descartes et l’Institut du globe de Paris, avec qui nous menons déjà des recherches fructueuses». Antoine Kouchner a sa feuille de route bien en tête : il souhaite ancrer l’astronomie multi-messagers au laboratoire et maintenir son rayonnement international à travers un engagement consolidé sur les grands projets. Il espère aussi renforcer l’esprit d’appartenance des 200 chercheurs rattachés à APC. « Le laboratoire est bâti sur l’association des physiciens des particules, des cosmologues et des théoriciens. Nous devons renforcer le dialogue entre les différentes communautés, organiser des moments de partage et de convivialité ». Le nouveau directeur croit aux projets engagés dans le laboratoire : la mission spatiale LISA qui prévoit d’explorer les ondes gravitationnelles dans l’espace, le futur détecteur de neutrinos KM3NeT, le satellite franco-chinois SVOM, le télescope millimétrique QUBIC…

 

http://www.apc.univ-paris7.fr

Laboratoire

AstroParticule et Cosmologie

Le domaine des astroparticules est un domaine à l'interface entre l'étude de l'infiniment grand et de l'infiniment petit, entre physique des particules et astrophysique.