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Une nouvelle molécule qui détruit spécifiquement les cellules cancéreuses

Des chercheurs du Laboratoire de chimie et biochimie pharmacologiques et toxicologiques (CNRS/Université Paris-Descartes) et de l’Institut de chimie des substances naturelles (CNRS) ont identifié une nouvelle classe de molécules dites de « thérapies ciblées » agissant très spécifiquement sur les cellules cancéreuses, et dont l'efficacité est liée à un nouveau mode d’inhibition de l’enzyme mTOR kinase. Cette molécule brevetée pourrait déboucher sur la création d’un nouveau médicament anticancéreux hautement spécifique.

Dans la recherche sur de nouveaux traitements anticancéreux, une des principales difficultés est de trouver des molécules qui détruisent spécifiquement les cellules tumorales, sans nuire aux cellules saines. Une nouvelle classe de molécules agissant très spécifiquement sur les cellules cancéreuses a été identifiée par des chercheurs du Laboratoire de chimie et biochimie pharmacologiques et toxicologiques et de l’Institut de chimie des substances naturelles. Une approche pluridisciplinaire (chimie, biochimie, biologie cellulaire et clinique) réunissant de nombreuses équipes (CNRS, Inserm, Université Paris-Descartes, Université Paris-Diderot, Université de Bordeaux, le centre régional de lutte contre le cancer Institut Bergonié) a permis de démontrer le mécanisme d'action de cette nouvelle classe d’inhibiteur de l'enzyme mTOR kinase. Cette enzyme, qui joue un rôle clé pour la prolifération, le métabolisme et la survie cellulaire, est depuis des années une cible privilégiée pour le développement de médicaments anticancéreux. Mais jusqu'à présent l'effet clinique des inhibiteurs de mTOR kinase restait limité. 

L'identification du nouvel anticancéreux a démarré par un criblage de la chimiothèque de l’Institut de chimie des substances naturelles. Une première molécule, baptisée ICSN3212, a été sélectionnée, dans le cadre d'un projet de prématuration du CNRS. Un composé analogue, ICSN3250, à la particularité d'être fortement cytotoxique à concentration nanomolaire pour les cellules cancéreuses et sans effet à ces concentrations pour les cellules saines, a été identifié et breveté, dans la même famille de produits.

Après avoir mis au point et publié la synthèse complexe de la molécule ICSN3250, les chercheurs ont récemment élucidé son mécanisme différent de celui des autres inhibiteurs de l'enzyme mTOR kinase. « Des essais ex vivo de cytotoxicité sur tumeur humaine isolée ont montré que ICSN3250 était jusqu'à 100 fois plus efficace sur les cellules cancéreuses que sur les cellules saines adjacentes », indique Pascal Collin, chercheur CNRS au Laboratoire de chimie et biochimie pharmacologiques et toxicologiques et maitre de conférence à l'Université Paris Diderot.

Aujourd'hui, dans le cadre d'un projet de prématuration soutenu par la Satt IdF Innov, la faisabilité et la reproductibilité de la synthèse du nouveau composé a été établie (avec la société Atlanchim Pharma). Ce projet devrait déboucher rapidement sur une phase de maturation comprenant la synthèse d’analogues améliorés de ICSN3250, associée à des études pharmacologiques et antitumorales in vivo chez l’animal.

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