Le Service de Recherches en Hémato-Immunologie (SRHI) a pour mission l'étude des mécanismes de tolérance immunitaire des greffes tissulaires (solides et liquides), ainsi que des mécanismes immunologiques d'échappement tumoral à la surveillance de l'hôte. Les travaux menés par le SRHI depuis 1992 ont été à l'origine de la description de la fonction de la molécule HLA-G. Le SRHI a établi sa position de leader international sur ce sujet, fédéré de nombreux laboratoires de plusieurs pays, et organisé autour de HLA-G des congrès internationaux et ateliers de travail en 1998, 2000, 2003, 2006, 2009 et 2012 présidés par E.D. Carosella.
Le Service s'organise autour de deux laboratoires :
Chef d'équipe : Dr Edgardo D. Carosella
Chef d'équipe : Dr Nathalie Rouas-Freiss
Les recherches menées par le LIEG s'articulent autour des thèmes suivants :
En ce qui concerne le LIT :
Notre équipe mène des travaux sur la fonction immunologique de la molécule HLA-G et ses implications en pathologies, notamment en transplantation et en cancérologie. Dans le contexte des tumeurs solides, nous avons démontré (I) l'expression de HLA-G dans les tumeurs de mélanome, du sein et de l'ovaire corrélée avec l'inflammation et l'agressivité de la tumeur. (II) l'induction d'expression d'HLA-G par des facteurs environnementaux tels que les cytokines. Et (III) l'implication fonctionnelle de l'expression de HLA-G permettant à la cellule tumorale d'échapper à l'action des cellules immunes. La progression d’une tumeur HLA-G+ a pu être enrayée in vivo chez la souris après blocage de HLA-G par un anticorps. Dans le contexte des tumeurs liquides, la forme soluble HLA-G inhibe (I) la croissance des clones érythroïdes malins de patients atteints de polycythemia vera, et (II) la prolifération de cellules B lymphomateuses et myélomateuses (Brevet N° PCT/FR2009/000965) révélant pour la première fois un rôle inattendu de HLA-G en tant qu'agent antitumoral au cours d'hémopathies. Ainsi, l'activité de HLA-G serait dépendante de la cellule tumorale selon qu'elle exprime ou non un récepteur inhibiteur capable de lier HLA-G. Bien que constituant un moyen pour les tumeurs solides d'échapper à l'immunosurveillance par le biais d'une inhibition de la réponse antitumorale, HLA-G peut être en mesure d'inhiber la croissance des tumeurs liquides exprimant un de ses récepteurs.
Dans le contexte de la transplantation, nous avons mené deux approches montrant (I) la corrélation clinique entre l’expression de HLA-G au niveau de transplants tolérés cardiaques, pulmonaires, hépatiques et rénaux et une acceptation de la greffe chez ces patients. Le lien entre l'expression de HLA-G et la tolérance observée chez les patients a pu être montré à travers l'activité immunosuppressive de molécules HLA-G purifiées à partir du plasma de patients tolérant leurs greffes. Une corrélation positive a été établie entre l'acceptation de la greffe, HLA-G, et des paramètres reliés à HLA-G tels que l'IL-10, les formes solubles CD4 et CD8 et la présence de cellules T suppressives CD3+CD4low or CD3+ CD8low. (II) l’induction in vivo de la sécrétion de HLA-G chez des patients transplantés rénaux traités par un nouvel immunosuppresseur, le Belatacept*. Les patients exprimant HLA-G pourraient ainsi bénéficier d’un traitement immunosuppresseur restreint réduisant ainsi les effets secondaires indésirables. De plus, l’utilisation de HLA-G ou de dérivés constituerait une nouvelle thérapie anti-rejet. A cet égard, les cellules souches mésenchymateuses ont montré leur efficacité thérapeutique en traitement adjuvant dans la greffe de moelle osseuse et en médecine régénératrice chez des patients irradiés. Nous avons récemment décrit que l’effet immunosuppresseur de ces cellules est dû à son expression de HLA-G. Notre objectif est donc de poursuivre ses travaux en analysant le potentiel thérapeutique de ces cellules en greffe et en réparation osseuse dans le cadre d'une participation à un consortium européen.
Date: 2 Sep 2023 - 02:02
Desc: La peau humaine protège le corps des infections et des blessures. Cela implique des cellules immunitaires et des cellules épithéliales, mais leurs interactions sont encore peu caractérisées. Mon travail montre que les kératinocytes inhibent la prolifération des lymphocytes T CD4 +, et ce même dans des conditions inflammatoires. Cela se fait par la sécrétion de facteurs solubles tels que le TGFB1 ainsi que par l'expression à la surface cellulaire de points de contrôle immunitaires tels que HLA-G et PD-L1. À cet égard, je décris pour la première fois l'expression de HLA-G dans la peau humaine saine et son rôle dans l'immunomodulation tissulaire médiée par les kératinocytes. La surexpression de HLA-G avec un vecteur inductible augmente les propriétés immunomosuppressives des kératinocytes, ouvrant des perspectives pour leur utilisation en thérapie cellulaire dans des contextes allogéniques.Les cellules souches sont essentielles pour le maintien et le renouvellement des tissus, mais leur capacité à se protéger des réactions immunitaires n’est pas encore bien caractérisée. Mon travail montre que les précurseurs de kératinocytes de l'épiderme interfolliculaire sont capables d'inhiber la prolifération des lymphocytes T CD4 +. L’échappement immunitaire des précurseurs de kératinocytes peut être expliquée par une surexpression des points de contrôle immunitaires HLA-G et PD-L1. Ces résultats ouvrent également des perspectives pour étudier l’échappement immunitaire dans le cancer de la peau et les pathologies auto-immunes.
Date: 24 Apr 2024 - 14:32
Desc: HLA-G is an immune checkpoint molecule with specific relevance in cancer immunotherapy. It was first identified in cytotrophoblasts, protecting the fetus from maternal rejection. HLA-G tissue expression is very restricted but induced in numerous malignant tumors such as glioblastoma, contributing to their immune escape. Hypoxia occurs during placenta and tumor development and was shown to activate HLA-G. We aimed to elucidate the mechanisms of HLA-G activation under conditions combining hypoxia-mimicking treatment and 5-aza-2’deoxycytidine, a DNA demethylating agent used in anti-cancer therapy which also induces HLA-G. Both treatments enhanced the amount of HLA-G mRNA and protein in HLA-G negative U251MG glioma cells. Electrophoretic Mobility Shift Assays and luciferase reporter gene assays revealed that HLA-G upregulation depends on Hypoxia Inducible Factor-1 (HIF-1) and a hypoxia responsive element (HRE) located in exon 2. A polymorphic HRE at –966 bp in the 5’UT region may modulate the magnitude of the response mediated by the exon 2 HRE. We suggest that therapeutic strategies should take into account that HLA-G expression in response to hypoxic tumor environment is dependent on HLA-G gene polymorphism and DNA methylation state at the HLA-G locus.
Date: 29 Mar 2019 - 15:37
Desc: The tyrosine phosphatase PTPN22 allele 1858T has been associated with rheumatoid arthritis (RA) and other autoimmune diseases. RA is the most frequent of those multifactorial diseases. The RA association was usually restricted to serum rheumatoid factor positive disease (RF+). No interaction was shown with HLA-DRB1, the first RA gene. Many case-control studies replicated the RA association, showing an allele frequency increase of approximately 5% on average and large variations of population allele frequencies (2.1-15.5%). In multifactorial diseases, the final proof for a new susceptibility allele is provided by departure from Mendel's law (50% transmission from heterozygous parents). For PTPN22-1858T allele, convincing linkage proof was available only for type 1 diabetes. We aimed at providing this proof for RA. We analyzed 1,395 West European Caucasian individuals from 465 "trio" families. We replicated evidence for linkage, demonstrating departure from Mendel's law in this subset of early RA onset patients. We estimated the overtransmission of the 1858T allele in RF+ families: T = 63%, P \backslashtextless 0.0007. The 1858T allele frequency increased from 11.0% in controls to 17.4% in RF+ RA for the French Caucasian population and the susceptibility genotype (1858T/T or T/C) from 20.2% to 31.6% [odds ratio (OR) = 1.8 (1.2-2.8)]. In conclusion, we provided the linkage proof for the PTPN22-1858T allele and RF+ RA. With diabetes and RA, PTPN22 is therefore a "linkage-proven" autoimmunity gene. PTPN22 accounting for approximately 1% of the RA familial aggregation, many new genes could be expected that are as many leads to definitive therapy for autoimmune diseases.
Date: 20 Nov 2015 - 18:07
Desc: Two of the crucial aspects of human immunodeficiency virus (HIV) infection are (i) viral persistence in reservoirs (precluding viral eradication) and (ii) chronic inflammation (directly associated with all-cause morbidities in antiretroviral therapy (ART)-controlled HIV-infected patients). The objective of the present study was to assess the potential involvement of adipose tissue in these two aspects. Adipose tissue is composed of adipocytes and the stromal vascular fraction (SVF); the latter comprises immune cells such as CD4+ T cells and macrophages (both of which are important target cells for HIV). The inflammatory potential of adipose tissue has been extensively described in the context of obesity. During HIV infection, the inflammatory profile of adipose tissue has been revealed by the occurrence of lipodystrophies (primarily related to ART). Data on the impact of HIV on the SVF (especially in individuals not receiving ART) are scarce. We first analyzed the impact of simian immunodeficiency virus (SIV) infection on abdominal subcutaneous and visceral adipose tissues in SIVmac251 infected macaques and found that both adipocytes and adipose tissue immune cells were affected. The adipocyte density was elevated, and adipose tissue immune cells presented enhanced immune activation and/or inflammatory profiles. We detected cell-associated SIV DNA and RNA in the SVF and in sorted CD4+ T cells and macrophages from adipose tissue. We demonstrated that SVF cells (including CD4+ T cells) are infected in ART-controlled HIV-infected patients. Importantly, the production of HIV RNA was detected by in situ hybridization, and after the in vitro reactivation of sorted CD4+ T cells from adipose tissue. We thus identified adipose tissue as a crucial cofactor in both viral persistence and chronic immune activation/inflammation during HIV infection. These observations open up new therapeutic strategies for limiting the size of the viral reservoir and decreasing low-grade chronic inflammation via the modulation of adipose tissue-related pathways
Date: 16 Oct 2023 - 15:48
Desc: L'effet bystander radio-induit est un phénomène par lequel des dommages se développent dans des cellules non irradiées à proximité des cellules irradiées. Ces effets surviennent dès l’exposition aux rayonnements de faibles doses (gamme du mGy), expliquant au moins en partie certaines hypersensibilités à l’irradiation. Deux voies de communication intercellulaires ont été caractérisées : la première voie passe par les jonctions protéiques de cellule à cellule (gap junctions) et la deuxième est initiée à la suite de la libération de facteurs protéiques sécrétés, identifiés par les cellules voisines comme des signaux de stress. Cependant, les mécanismes de l'effet bystander ne sont pas encore bien connus et maîtrisés. Afin d’obtenir des connaissances plus détaillées de ces mécanismes de communication inter-cellulaire, nous proposons une stratégie expérimentale innovante permettant de différencier les protéomes de cellules irradiées mélangées avec des cellules bystander par protéogénomique, s’appuyant sur la combinaison de données exhaustives de génomique, transcriptomique et protéomique3–5. L’approche protéogénomique permet d’identifier l’ensemble des protéoformes induites par les mécanismes de mutations et d’épissage alternatif, notamment présentes dans des lignées immortalisées ou ayant subies des irradiations. Le projet comporte trois phases : une phase de faisabilité de la distinction de deux protéomes par protéogénomique, une deuxième phase de choix de lignées cellulaires pour maximiser l’effet bystander et leur distinction protéogénomique, et enfin une troisième phase consacrée à l’analyse la plus détaillée possible des acteurs cellulaires de la réponse lors de l’effet bystander. Des tests cellulaires ont permis de mettre en évidence des échanges de type bystander entre des cellules de chondrosarcome irradiées à quelques cGy et des chondrocytes immortalisées. Des résultats préliminaires de l’analyse protéogénomique permettent déjà d’appréhender les réponses bystander lorsque ces cellules sont en mélange. Ces résultats permettront de mettre en évidence de nouvelles protéines clés de l’effet bystander afin de les utiliser comme des marqueurs protéiques, qui pourraient ensuite être utiles pour le diagnostic d’hypersensibilité aux rayonnements. Dans un contexte d’hadronthérapie d’un chondrosarcome, un traitement par des ions accélérés d’une tumeur du cartilage, de tels marqueurs seront appréciables pour adapter la dose et la zone à irradier chez le patient.
Institut Universitaire d'Hématologie (IUH)
Hôpital St Louis - Pavillon Lailler
1, avenue Claude Vellefaux
75475 PARIS CEDEX 10