Santé
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Accouchement gémellaire et simulation

Une étude française démontre les effets bénéfiques de l’apprentissage par la simulation pour acquérir et maintenir les compétences obstétricales des professionnels dans le domaine des accouchements gémellaires par voie basse et diminuer le recours systématique aux césariennes. Des équipes des hôpitaux Beaujon, Bichat - Claude-Bernard et Lariboisière AP-HP et du centre de simulation Ilumens de l’université Paris Diderot et du Département Hospitalo Universitaire Risque et Grossesse ont développé une nouvelle méthode d'apprentissage des accouchements de jumeaux par la simulation.

 

Ils ont démontré grâce à cette méthode qu’une formation par simulation pouvait probablement contribuer à ne pas recourir systématiquement à la césarienne. Ces travaux sont publiés vendredi 1er février dans la revue European Journal of Obstetrics and Gynecology

Bien que la plupart des sociétés savantes de gynécologie-obstétrique recommandent un accouchement par voie basse pour les grossesses gémellaires, il est pourtant constaté une augmentation constante du taux de césariennes dans le cas de jumeaux. Cette pratique est pourtant à risque pour les femmes (risque opératoire, utérus cicatriciel …) et les nouveau nés (détresse respiratoire et   anomalie du microbiote…).  Et les obstétriciens risquent de perdre certaines de leurs compétences obstétricales, relatives aux manœuvres de « version interne » (retournement du bébé in utero). Cette manœuvre consiste à attraper le pied du deuxième jumeau afin de le faire naître par le siège.

Les chercheurs ont donc conçu un outil très réaliste qui permet de simuler cette manœuvre sur le second jumeau dans le cadre d’un accouchement gémellaire par voie basse. Ce modèle a été testé auprès des  internes de gynécologie-obstétrique.  Entre deux sessions de simulation, les chercheurs ont constaté une nette amélioration dans le temps de réalisation de la manœuvre de « version interne » et de la procédure de grande extraction.  Ils ont également observé une amélioration significative du niveau de confiance des internes entre les deux séances de simulation. Par ailleurs ce modèle permet de respecter la règle qui prévaut actuellement « Jamais la première fois sur un patient ».

Les méthodes d'apprentissage par la simulation sont une réelle opportunité de renouveler les pratiques, les manières d’enseigner, de repenser le rapport patients-soignants et même des soignants entre eux.

Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives qui devraient contribuer à diminuer le taux de césarienne en particulier pour la naissance des  jumeaux.

Le centre de simulation Paris Diderot, mis en place par l'UFR Médecine de l’université Paris Diderot, permet aux étudiants en santé de s'entraîner dans des conditions très proches du réel, et sans conséquences pour le patient. Il aborde globalement les compétences techniques du "savoir-faire" et non-techniques comme le "savoir-être", dans une approche interprofessionnelle forte.  C'est un enjeu majeur pour mieux préparer les soignants et améliorer la sécurité autour du patient. Ces modalités innovantes sont d'ores et déjà intégrées aux cursus obligatoires des formations initiales en médecine de l'université et une quinzaine de projets de formation continue sont planifiés. L’ensemble de ces projets universitaires fait l’objet d’une recherche en pédagogie  de pointe au sein du centre, permettant ainsi de faire évoluer les sciences de la santé. 

 

Sources

Twin vaginal delivery: To maintain skill - simulation is required

Julien Lepagea, b, Pierre Francois Ceccaldi b, c, d, e, Sid Ahmed Remini d, Patrick Plaisance b,d,f
Audrey Voulgaropoulos a, Dominique Luton a, b, d, e
Hôpital Bichat, Maternité Aline de Crepy, APHP, 75018, Paris, France
Université Paris Diderot, Paris 7, Paris, France
Hôpital Beaujon, Service de gynécologie obstétrique, APHP, 92110, Clichy, France
Ilumens Paris Diderot, Centre de simulation, Paris, France
DHU Risk and Pregnancy (Paris V and Paris VII University), France
Hôpital Lariboisière, Emergency Unit, APHP, 75018, Paris, France

 

https://doi.org/10.1016/j.ejogrb.2018.12.038

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