Les chercheurs misent sur la FRIM
La plateforme d’imagerie FRIM, avec ses outils de pointe, permet aux chercheurs, aux ingénieurs et aux médecins de mener des recherches précliniques de premier plan. Le deuxième appareil d’IRM, installé dernièrement à Bichat, a fait l’événement.
L’installation de l’IRM Bruker BioSpec dans les sous-sols de la faculté de Bichat a marqué les esprits. Le personnel des services techniques de l’UFR se souvient parfaitement de cette délicate opération. « L’appareil d’IRM était tellement volumineux qu’il a fallu élargir les encadrements de porte, démonter les radiateurs dans les couloirs pour l’amener dans sa pièce. Vu le poids de la « bête », cela n’a pas été une mince affaire », rapporte Didier Vennekens, directeur adjoint de l’UFR médecine. Cette installation périlleuse a couronné plusieurs jours de travaux nécessaires au respect des normes. « Les murs ont été épaissis, la dalle consolidée depuis les parkings et il a fallu placer une cage de Faraday » se remémore Didier Vennekens. Rappelons que l’IRM Bruker BioSpec pèse plusieurs tonnes et est doté d’un champ magnétique de 7 Tesla (plus de deux fois supérieur à ceux utilisés en routine clinique).
Une IRM/TEP au service de la recherche
Cet équipement performant dédié à l’étude in vivo du petit animal est l’outil de travail de médecins, de chercheurs et d’ingénieurs des UMR Inserm- Université paris Diderot 1148 « LVTS – Laboratoire de recherche vasculaire translationnelle » et 1149 « CRI – Centre de recherche sur l’inflammation ». François Rouzet, PUPH dans le service de médecine nucléaire et biophysique dirigé par Dominique Le Guludec, l’utilise très fréquemment. « Grâce à cette plateforme d’imagerie multimodale, nous allons plus loin dans nos recherches sur les pathologies cardiovasculaires. Pour donner un exemple, la FRIM nous a aidés à développer puis à breveter le fucoïdane, un agent d’imagerie ciblant l’ischémie myocardique ». Le professeur souligne les connexions intéressantes qui existent entre les recherches précliniques menées au sein de la faculté de médecine et les équipes de l’hôpital mitoyen. « Cette proximité avec la pratique clinique facilite évidement les échanges ».
Les médecins de l’université Paris Diderot travaillent en lien étroit avec les chercheurs de l’INSERM sur cette plateforme. Sabrina Doblas, ingénieur Inserm rattachée à l’équipe « Biomarqueurs en imagerie » dirigée par Bernard Van Beers de l’UMR 1149, participe aux programmes de recherche sur les pathologies abdominales. « Nous collaborons essentiellement avec les équipes de l’hôpital Beaujon et du CRI, qui s’intéressent aux inflammations digestives, hépatiques et pancréatiques et leur rôle dans la carcinogenèse. L’IRM nouvelle génération, livrée l’an dernier, a été très utile, je pense notamment à une étudiante en thèse qui a approfondi nos connaissances sur la maladie de Crohn ».
Un outil prisé par les industriels
Cette machine IRM, qui a couté au total 1,4 millions €, attire aussi des chercheurs de l’extérieur, notamment des industriels. Les laboratoires pharmaceutiques, pour ne citer qu’eux, l’utilisent pour suivre le trajet des molécules médicamenteuses dans l’organisme ou pour évaluer l’évolution de la maladie et l’amélioration des symptômes une fois le traitement administré. Ces équipes extérieures peuvent compter sur l’aide des trois ingénieurs de la plateforme FRIM pour utiliser cet outil complexe imposant une formation préalable. « Nous accompagnons les chercheurs venus de l’extérieur, qui représentent de 10% des utilisateurs de l’IRM », confie Nadège Anizan, ingénieur de la plateforme.
L’équipement a des chances de devenir encore plus attractif dans les prochains mois car il va être associé à un insert TEP (Tomographie par Emission de Positons). « Très peu de sites de recherche en Europe disposent de cette version hybride IRM/TEP, assure François Rouzet. En ajoutant de la sensibilité, elle étendra le champ de nos recherches ». Cette prochaine acquisition ouvre de belles perspectives pour la plateforme FRIM, qui a aussi pour objectif d’être certifiée ISO 9001 en 2017. Ces gages de qualité renforceront l’autonomie financière de la structure.
La FRIM en quelques mots
La plateforme FRIM (Fédération de recherche en imagerie multimodalité, Directrice D. Le Guludec) ne se limite pas à l’IRM Bruker BioSpec. Elle a la particularité d’être multimodale. Dotée de deux IRM, d’échographies, de TEP (Tomographie par Emission de Positons), de scanners, de scintigraphie, elle est fréquentée non seulement par des médecins, des chercheurs et des ingénieurs spécialistes des pathologies cardiovasculaires et abdominales (foie, pancréas, tube digestif) mais aussi des partenaires extérieurs. La plateforme, de par son histoire, est répartie sur plusieurs étages de la faculté de Bichat. Les recherches qui y sont conduites font l’objet d’articles dans les plus grandes revues d’imagerie. Intégrée au réseau national FLI (France Life Imaging) et à plusieurs DHU et Labex, la plateforme FRIM participe indiscutablement au rayonnement de l’UFR.