Un Œil télécommandé
DiderotInfos : Le milieu urbain est un milieu pollué, pourtant l’observation en ville est une activité qui se développe : comment est-ce possible ?
Roger Périé : L’université Paris Diderot souhaitait un observatoire « de proximité », accessible rapidement et facilement aux personnels dédiés grâce à sa robotisation et son automatisation. Si la ville n’est pas toujours un lieu propice à l’observation, dû à la pollution lumineuse notamment, l’emplacement reste important.
D’abord parce que Paris bénéficie d’un phénomène particulier : la couche de pollution produit un effet de cloche qui tend à stabiliser l’air et donne une meilleure qualité d’image.
Ensuite parce que l’échange thermique sol/air est beaucoup plus important au sol qu’à 30 mètres d’altitude, là où est situé l'Observatoire, sur la terrasse du bâtiment Lamarck. L’air y circule bien mieux qu’au sol et limite la turbulence sur l’image perçue. Le ciel est moins pur, mais il reste tout aussi observable, d’où cet engouement pour l’observation urbaine.
DiderotInfos : Vent, chaleur, pluie… La coupole, fournie et montée par M42 Optic, assure seule la protection des instruments face aux intempéries. Quelles sont ses caractéristiques ?
Roger Périé : Les coupoles Scopedome sont fabriquées en Pologne par une société spécialisée dans les bateaux de plaisance. La société a une grande maîtrise de ce matériau en fibre de verre et polyester, à la fois léger et extrêmement rigide
Cette caractéristique couplée à notre spécialité qui est la fabrication de caméras spécialisées et d’instruments sur mesure, en font des coupoles très en avance sur ce qui existe sur le marché, car elles sont conçues dès le départ pour être robotisées et automatisées.
Ce sont aussi les critères qui correspondaient le mieux aux attentes de l’université Paris Diderot qui souhaitait se doter d’un observatoire qui puisse s’ouvrir et se fermer automatiquement, par détection de nuages ou de vent trop fort et sécuriser ses instruments selon les aléas climatiques.
C’est d’ailleurs l’un des points forts de cet observatoire : alors que les montures actuelles engendrent des erreurs de suivi plus ou moins importantes (dues à la qualité mécaniques de la monture), la monture que nous avons installée est capable d’un suivi très précis de l’objet que nous souhaitons imager. Et cela, sans système d’autoguidage, nécessaire sur les autres montures.
DiderotInfos : Observer et imager des objets célestes : comment ça fonctionne ?
Roger Périé : En astronomie, il y a deux types d’activités : l’observation visuelle et l’imagerie. L’observation visuelle permet de voir les éléments intra-solaires, c’est-à-dire le soleil, la lune et les planètes. L’observatoire Paris Diderot est doté d’une lunette apochromatique et d’un télescope Schmidt-Cassegrain pour les observer et les imager.
L’imagerie, avec le télescope Ritchey-Chrétien permet de regarder les planètes intra-solaires et surtout extra-solaires, objets du ciel profond, comme les nébuleuses, galaxies, amas d’étoiles,… qui sont des objets plus diffus et du coup moins spectaculaires à voir à l’oculaire.
L’imagerie consiste à utiliser les caméras installées sur le télescope pour prendre beaucoup d’images. Elles sont ensuite traitées : empilement des images pour augmenter la qualité de l’image et filtrage informatique pour réduire au maximum le bruit parasite dû à l’électronique de la caméra. Cette manipulation se fait quasiment en direct pour obtenir des images précises des objets célestes qu’on observe, et surtout des images telles que nous les voyons dans les magazines.
Ces instruments sont très performants et la monture sélectionnée est extrêmement précise. Elle permet de suivre un objet pendant une vingtaine de minutes sans dérive, ce qui est très important pour l’imagerie des objets du ciel profond.
C’est d’ailleurs l’un des points forts de cet observatoire : alors que les montures actuelles engendrent des erreurs de suivi plus ou moins importantes (dues à la qualité mécaniques de la monture), la monture que nous avons installée est capable d’un suivi très précis de l’objet que nous souhaitons imager. Et cela, sans système d’autoguidage, nécessaire sur les autres montures.