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Infarctus : comment mieux le pronostiquer ?

Une étude menée par le Dr Pierre Deharo et l’équipe du Pr Gabriel Steg de l’hôpital Bichat - Claude-Bernard, AP-HP, de l’Inserm, de l’université Paris-Diderot1, montre le bénéfice pronostique de la réalisation d'une coronarographie précoce chez les patients admis pour infarctus sans « sus décalage du segment ST » classés à haut risque. Cette étude rétrospective sur les données de plus de 4 000 patients est publiée dans la revue américaine Circulation.

L'infarctus du myocarde constitue une urgence cardiologique absolue dont l'incidence reste encore élevée avec 120 000 cas par an en France. Il est actuellement recommandé par les sociétés savantes européennes et américaines (ESC et ACC/AHA) de réaliser une exploration invasive dans les premières 24 heures chez ces patients lorsqu'ils sont à haut risque.

Les chercheurs ont analysé rétrospectivement les données de 4 071 patients présentant un infarctus du myocarde « sans sus décalage de ST » et à haut risque (score GRACE > 140) issus de la cohorte des participants à l'essai TAO.

La présence d'un signe électrique appelé "sus-décalage du segment ST" lors de l'électrocardiogramme est un élément qui guide la réflexion du médecin.  Les infarctus avec sus décalage du segment ST à l'électrocardiogramme (environ la moitié des infarctus) nécessitent une angioplastie coronaire immédiate, c’est-à-dire une intervention visant à revasculariser la/les artères coronaires occluses. Ceux dont l'électrocardiogramme ne montre pas cette anomalie correspondent aux patients pour lesquels une angioplastie est moins urgente. L’équipe du Pr Steg s’est penchée sur le moment idéal pour réaliser celle-ci.

Les résultats montrent que le taux combiné de mortalité et d’infarctus du myocarde est plus faible lorsque la coronarographie est réalisée dès les 12 premières heures après l’admission du patient, en comparaison à une coronarographie plus tardive. Le taux combiné de décès ou infarctus à 6 mois est de 10,7% dans la  cohorte traitée dans les 12 premières heures, 13,5% pour la cohorte traitée entre 12 et 24 h et 13,7% pour les patients traités au-delà de 24 h.

Il n’a pas été observé de sur-risque hémorragique avec cette stratégie. De plus, la réalisation de l’examen dans les 12 premières heures est associée à une réduction de la durée d’hospitalisation des patients.

Ce travail pourrait modifier les pratiques des médecins et les recommandations actuelles. Les patients admis pour infarctus sans sus décalage du segment ST à haut risque seraient pris en charge plus rapidement avec la réalisation d’une coronarographie dans les premières 12 heures après le diagnostic. Néanmoins, ces conclusions nécessitent d’être confirmées par un essai prospectif randomisé.

source

Timing of Angiography and Outcomes in High-Risk Patients With Non–ST-Segment– Elevation Myocardial Infarction Managed Invasively Insights From the TAO Trial (Treatment of Acute Coronary Syndrome With Otamixaban)
Circulation, 14 novembre 2017
Pierre Deharo, Gregory Ducrocq, Christoph Bode, Marc Cohen, Thomas Cuisset, Shamir R. Mehta, Charles Pollack, Stephen D. Wiviott, Yedid Elbez, Marc S. Sabatine, Philippe Gabriel Steg
 

1 FACT, French Alliance for Cardiovascular Trials, Fact F CRIN DHU FIRE, INSERM U-1148 LVTS, université Paris Diderot

Laboratoire

Laboratoire de recherche vasculaire translationnelle

Le Laboratoire LVST est associé à l’Inserm, à l’université Paris Diderot, et à l’université Paris Nord. Composé d'environ 150 personnes, il a une approche transdisciplinaire avec les objectifs de lutte contre les pathologies vasculaires.