La recherche à l’écoute du patient
En regroupant des médecins de ville et des praticiens hospitaliers, autour de travaux de recherche, l'équipe Recherche clinique ville-hôpital, méthodologies et société (Remes) place le patient au coeur de ses travaux.
Une des spécialités de l’équipe Remes est de mesurer la perception des patients. Comment vivent-ils telle pathologie, tel traitement ? Quelle est la qualité de vie d’une personne séropositive ? Des spécialistes des questionnaires, appelés psychométriciens, réalisent des entretiens approfondis pour recueillir le ressenti des malades. Les questionnaires, fruits d’une méthodologie rigoureuse, sont ensuite remplis par des centaines de personnes dans plusieurs pays dans le but de valider la structure des enquêtes. « Nous travaillons sur diverses thématiques : le VIH, l’hépatite C, la qualité de vie sexuelle, la perception des vaccins, les pathologies de la digestion », liste Martin Duracinsky, médecin et psychométricien.
« Petit à petit, la nécessaire prise en compte de la perception du patient est entrée dans la culture des médecins », explique Olivier Chassagny, le directeur du Remes.
Pour élargir et renforcer leurs mesures, les chercheurs du Remes (Recherche clinique ville-hôpital, méthodologies et société) mettent en place des outils numériques performants permettant de collecter les informations à l’échelle internationale. « Le web ouvre les possibilités, nous constituons des "e-cohortes" dans lesquelles les patients répondent en ligne ». Olivier Chassany, le directeur du REMES, rappelle que les premières auto-mesures de perception ont été demandées par les autorités de santé qui évaluent les stratégies thérapeutiques.
En prise avec la médecine en ville
L’équipe Remes, installée à l’hôpital Saint-Louis, a également l’ambition de jeter un pont entre la médecine de ville et l’hôpital. L’objectif étant d’améliorer le parcours de soins du patient. Isabelle Mahé, professeure de médecine interne à l’hôpital Louis-Mourier, travaille ainsi sur la thrombose veineuse. D’autres études portent par exemple sur le dépistage du cancer du côlon ou le dépistage des apnées du sommeil en médecine de ville. « Nous cherchons à stimuler la recherche clinique en médecine générale », explique Olivier Chassany. L’enseignant-chercheur, Jean-Pierre Aubert, travaille ainsi sur la démographie médicale de manière à pointer le manque de médecins généralistes dans certains quartiers de Paris et de sa région.
« La situation est inquiétante avec une pénurie de médecins généralistes. L’objectif est de donner des clés à l’ARS et aux communes pour porter l’effort ».
Des idées pour développer la recherche clinique
Les chercheurs du Remes se concentrent sur deux autres axes. Autour de la juriste, Mihaela Matei, ils se demandent comment améliorer la législation très stricte qui encadre la recherche clinique, en intégrant la notion d’approche basée sur le risque. Un autre groupe, réuni autour de Philippe Lechat, travaille sur le développement d’outils électroniques d’aide à la prescription. Ce projet comporte notamment une recherche sur l’élaboration et la faisabilité des algorithmes nécessaires à la construction d’un logiciel permettant de vérifier la validité, la cohérence et l’adéquation d’une ordonnance médicale des médicaments prescrits pour un patient donné dans une indication thérapeutique définie.