Einstein et les étoiles à neutrons s’invitent à la Fête de la science
Passionné par le mystère des ondes gravitationnelles, Matteo Barsuglia, directeur de recherche au CNRS et responsable du groupe Virgo au laboratoire Astroparticule et Cosmologie de l’université Paris Diderot, part chaque année à la rencontre du grand public pour lui transmettre le goût des sciences, à travers des ateliers pédagogiques et des conférences.
Vous participez chaque année à la Fête de la science. Que proposez-vous au public ?
De découvrir les ondes gravitationnelles ! Des ateliers, animés par plusieurs membres de mon équipe de recherche, permettent au public de mieux appréhender ces fluctuations de l’espace-temps provenant de la fusion de deux trous noirs ou d’étoiles à neutrons. On le fait par exemple avec ce qu’on appelle une “table de l’espace-temps”. Il s’agit d’un bout de lycra tendu avec en son centre une boule de pétanque représentant une étoile qui courbe l’espace-temps. Les participants se représentent visuellement comment la courbure agit sur les objets proches, en les faisant tomber ou orbiter autour de l’étoile. Pour l’édition 2017, des conférences ont également retracé l’histoire des ondes gravitationnelles depuis leur prédiction voilà cent ans par Albert Einstein, dans sa théorie de la relativité générale, jusqu’à leur détection historique sur la Terre en 2015, et à la détection, en août 2017, par les LIGO-Virgo, d’une onde nouvelle résultant de la fusion de deux étoiles à neutrons. Sans oublier, bien sûr, le prix Nobel de physique 2017, attribué aux fondateurs du projet LIGO.
N’est-ce pas difficile d’intéresser le public et notamment les jeunes, collégiens et lycéens à des sujets d’astrophysique si pointus ?
Si, bien sûr, mais c’est là tout l’intérêt de ces rencontres. Pour capter l’attention de l’auditoire, nous cherchons bien en amont, les mots et les images “parlantes”, qui vont permettre à des personnes ne maîtrisant pas forcément les outils mathématiques de comprendre ces concepts scientifiques. En retour, les participants nous posent beaucoup de questions, à la fois techniques et plus générales : pourquoi faisons-nous ces recherches ? À quoi cela sert-il ? Nous revenons ainsi à la source de notre travail et au sens qu’il revêt pour nous et pour la société en général.
Vous remplissez alors la fonction de médiation scientifique…
Je fais, en effet, de mon mieux, pour assurer cette mission essentielle de médiation et de transmission. Car notre travail consiste aussi à sortir de nos laboratoires pour faire découvrir au grand public ce qu’est la science, et l’aider à mieux appréhender des domaines passionnants de la recherche comme la cosmologie, la gravitation ou l’astrophysique de haute énergie.