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Claire Wilhem : la physique dans la peau

Claire Wilhelm a obtenu une ERC Consolidator pour son travail sur les applications biomédicales des nanotechnologies.
  

« Je ne suis pas spécialement fière, disons que je suis contente d’avoir obtenu l’ERC car c’est une nouvelle source de financements permettant de faire avancer nos recherches ».

Médaille de bronze du CNRS en 2011 et prix Louis-Ancel de la Société française de Physique en 2014, Claire Wilhelm ne court pourtant pas après les médailles. « La notion de prix individuel en recherche est difficile à appréhender : la recherche est par essence un travail collectif, et toute réussite est le reflet aussi bien de l’équipe que de l’ensemble de la discipline ». La chercheuse n’aime pas tirer la couverture à elle, l’idée même de ce portrait la met mal à l’aise.  
Claire Wilhelm se voit comme une physicienne qui a eu la chance d’explorer un domaine de la recherche en plein essor. La nanomédecine. Au tournant des années 2000, Claire Wilhelm effectue une thèse sous la direction de Jean-Claude Bacri, « un chercheur hors pair ». Après un post-doctorat d’un an à l’institut Curie, la jeune femme entre au CNRS, au sein du laboratoire Matière et systèmes complexes (MSC) lié à Paris Diderot. Les nanotechnologies ont fait récemment leur entrée dans le secteur de la médecine et semblent devenir des acteurs incontournables pour proposer de nouvelles solutions de diagnostic, élaborer des traitements innovants ou encore favoriser la régénération des tissus cellulaires. L’équipe dans laquelle travaille Claire Wilhelm a ainsi montré qu’en incorporant des nanoparticules d’oxyde de fer dans les cellules, il était possible de suivre une cellule à la trace par IRM, de détruire une cellule cancéreuse en la chauffant, d’explorer les propriétés mécaniques du cœur de la cellule, ou encore de construire des substituts de tissu.

Rêve de chercheuse

Devenue directrice de recherche au CNRS en 2013, Claire Wilhelm a beaucoup publié. Cependant, elle insiste à nouveau. « Cette réussite n’est pas individuelle. C’est le résultat d’un travail collectif et interdisciplinaire. J’ai eu la chance de travailler au cœur d’un réseau d’étroites collaborations, que ce soit en physique, chimie, biologie ou médecine. J’ai également eu la chance d’explorer un domaine de recherche très jeune, ouvrant la voie à d’infinies possibilités ». Elle est en particulier très excitée par les possibilités qu’ouvrent la manipulation de cellules magnétiques pour l’ingénierie tissulaire, partie d’ailleurs importante de son projet pour l’ERC. « L’idée de pouvoir proposer du cartilage magnétique qui permettrait de combler des défauts de grande taille me fait rêver. » Ce projet de cartilage magnétique, breveté en 2011, est porté par une des collaboratrices, Nathalie Luciani.
 
Grâce à l’ERC, elle va pouvoir s’entourer de doctorants pendant cinq ans pour aller plus loin dans ses recherches. Claire Wilhelm sourit quand on l’interroge sur la place des femmes dans la recherche scientifique.

"Je ne me vis pas comme une femme qui fait de la physique, mais comme une chercheuse tout simplement. Je ne vois pas en quoi cela me distingue d’être une femme. Ce n’est ni un frein, ni, je l’espère, un accélérateur dans mon parcours."

Laboratoire

Matière et Systèmes Complexes

Le laboratoire « Matière et Systèmes Complexes » (MSC) est une unité mixte de recherche du CNRS et de l’université (UMR 7057).