Le robot, miroir de l’animal
Au sein du laboratoire interdisciplinaire des énergies de demain, le physicien José Halloy prône « un biomimétisme radical » : la machine doit s’approcher le plus possible du vivant, et jamais le contraire. Avec en ligne de mire une intelligence artificielle bioinspirée… et donc durable.
« Certes, les robots sont capables d’accomplir parfaitement certaines tâches, mais aucun n’approche la complexité d’un être vivant », expose José Halloy, chercheur au laboratoire interdisciplinaire des énergies de demain. Son équipe, qui rassemble des biologistes, des spécialistes de la modélisation, de la robotique et de l’intelligence artificielle, s’attache donc à concevoir des robots (cafards, poules, poissons…) qui ressemblent suffisamment aux animaux et émettent les bons signaux pour établir une relation avec ceux-ci. Car ce type d’interaction présente de multiples intérêts.
Des animaux modèles et modélisés
« Les biologistes ont toujours un doute par rapport à l’aspect réductionniste des modèles mathématiques sur le comportement animal. Implanter ces modèles dans les machines permet en premier lieu de les valider », détaille le chercheur. Une fois le lien entre robots et animaux établi, il est par ailleurs possible d’utiliser le robot comme agent perturbateur pour étudier le comportement animal. « Nous avons par exemple montré chez les cafards qu’un robot pouvait influencer les décisions d’un groupe et même lui faire adopter des choix qu’il n’aurait pas fait autrement », précise José Halloy. Enfin, ces expériences obligent à créer des robots qui intègrent des modèles mathématiques non pas pour quelques tâches spécifiques mais pour tout ce qui permet d’évoluer dans un environnement et d’interagir avec les animaux.
Vers une informatique organique
Il se cache en outre derrière ces études un but ultime : mettre au point une informatique durable. Celle d’aujourd’hui consomme beaucoup d’énergie et des matériaux essentiellement non renouvelables. « Car rien n’est suffisamment inspiré du vivant, souligne José Halloy. Il faut donc repenser l’ensemble, en faisant par exemple appel à la chimie organique pour les matériaux et en réécrivant des algorithmes qui prendront en compte ces contraintes matière et énergie. Et pour le traitement d’information et la prise de décision, il faudra ainsi sans doute s’éloigner des modèles calculatoire et se confronter justement à l’intelligence naturelle. »