Darcy Ribeiro
Dans l'esprit universaliste et humaniste de Diderot, l'université lance une campagne de remise du titre de Docteur Honoris Causa. L'occasion de (re)découvrir les hommes et les femmes qui ont reçu cette distinction au fil des années. Darcy Ribeiro (1922-1997), ethnologue et homme politique brésilien connu pour ses travaux sur le métissage des peuples sud-américains et son engagement dans le renouvellement de la politique de l'éducation au Brésil.
Darcy Ribeiro est né à Montes Claros au Brésil en 1922. Après avoir tenté d’étudier la médecine, il se tourne finalement vers les sciences sociales et obtient son diplôme en anthropologie de l’Ecole de Sociologie et de Politique de São Paulo. Il consacrera le début de sa carrière professionnelle à l’étude des Indiens du Pantamal en Amazonie. Il a notamment étudié les Urubu-Kaapor, descendants des célèbres Tupinambas anthropophages, de langue tupi, qui furent décimés par les épidémies véhiculées par la colonisation.
Très impliqué dans le développement de l’éducation, la sociologie et l’anthropologie au Brésil, il participe, au début des années 1960, à la création de l’Université de Brasilia. Il deviendra par la suite ministre de l’Eduction du Brésil en 1962, précurseur d’une politique réformiste dans le domaine de la pédagogie. Le régime militaire qui s’installe à partir de 1965 le poussera à l’exil dans plusieurs pays sud-américains, où il ne cessa de plaider en faveur des minorités, avant de s’installer quelques années en Uruguay. A son retour, à la fin de la dictature, il s’investit dans la vie politique et jouera un rôle de premier plan au sein du Parti Démocratique Travailliste brésilien (PDT) jusqu’à sa mort en 1997.
De l’étude des minorités latino-américaines à la politique de l’Education
Le début de la carrière de Darcy Ribeiro est marqué par l’anthropologie sociale : ses idées sont influencées par les théories de l’école néo-évolutionniste. Il défend la thèse selon laquelle tous les peuples passent par un processus de civilisation, marqués par des révolutions techniques. Il en dénombre huit : de l’invention de l’agriculture à la révolution industrielle et enfin thermonucléaire.
Il reste célèbre pour sa proposition de classification des pays d’Amérique latine. Il identifie trois types différents parmi lesquels : les « Nouveaux Peuples » (Chili, Colombie, Paraguay, Venezuela) qui ont émergés du mélange de plusieurs cultures, les « Peuples Testimoniaux » (Pérou, Mexique, Equateur et Guatemala) restes des civilisations précolombiennes, et enfin l’Argentine et le Pérou, d’anciens « Nouveaux Peuples » qui sont devenus ce qu’il appelle des « Peuples Transplantés », d’héritages essentiellement européens après une immigration massive.
Sa vie professionnelle est également marquée par son engagement politique, notamment tournée vers l’éducation. En tant que vice-gouverneur pendant le premier gouvernement de Leonel Brizola, de 1983 à 1987, il créée et dirige la mise en œuvre des Centres intégrés d’éducation publique (Centros Integrados de Ensino Público). CE projet visionnaire au Brésil propose aux enfants, en plus de l’éducation formelle, de prendre en charge leurs activités récréatives et culturelles. Bien avant que les politiques brésiliens incorporent l’importance de l’éducation dans le développement du pays, Darcy Ribeiro à contribuer à initier ces idées, au-delà du discours à travers son action gouvernementale.