Frédéric Magniez, directeur de l'IRIF
Directeur de l’Institut de Recherche en Informatique Fondamentale (IRIF) depuis janvier 2018, Frédéric Magniez nous éclaire sur son parcours et sur les activités du laboratoire.
Elève à l’ENS de Cachan, agrégé en mathématiques et titulaire d’un master en informatique, Frédéric Magniez est entré au CNRS à Orsay en 2000, au Laboratoire de Recherche en Informatique (LRI). Il est habilité en 2008. Peu après, il rejoint l’Institut avec son groupe de recherche, donnant naissance à l’équipe «Algorithme et complexité». Il a également été chercheur et professeur associé à Polytechnique et directeur adjoint de la Fondation Sciences Mathématiques de Paris (regroupant tous les laboratoires de mathématiques de Paris centre et nord et les laboratoires d’informatique de l’ENS, de Paris Diderot et de l’INRIA, elle est en charge de récolter des fonds et de les redistribuer via des programmes de soutien à la recherche pour la communauté universitaire).
Il nous explique les raisons de cette préférence pour l’IRIF : « J’ai choisi ce laboratoire car non seulement j’y connaissais déjà de nombreux collègues, mais surtout il me semblait - et il me semble toujours - être le laboratoire d’informatique fondamentale de référence en région parisienne. »
Spécialisé dans les algorithmiques quantique et probabiliste, et dans la théorie de la complexité, ses travaux et ceux de l’Institut, sont liés à des avancées et des enjeux considérables, très actuels, notamment l’intelligence artificielle, les systèmes complexes (par exemple, les réseaux sociaux où des liens sont constamment créés entre les comptes et les données) ou encore « la chasse aux bugs ». L’informatique fondamentale est une discipline primaire et indispensable puisque « Nous écrivons les fondements de l’informatique, il faut d’abord comprendre les nouveaux défis avant de proposer leurs applications. »
Qu’est-ce que l’IRIF ?
L'IRIF est une unité de recherche mixte du CNRS et de l’université Paris Diderot dont les travaux concernent la conception, l’analyse, la preuve et la vérification d'algorithmes, de programmes et de langages de programmation. Elle est issue de la fusion des deux laboratoires PPS (Preuves, Programmes, Systèmes) et LIAFA (Laboratoire d’Informatique Algorithmique : fondements et applications). Actuellement composée de 90 chercheurs et enseignants-chercheurs permanents et d’autant d’étudiants en thèse et post-doctorat, cette fusion a été un enjeu structurel important « nous sommes maintenant structurés en trois pôles au sein desquels il y a différentes équipes thématiques, ce qui permet une plus grande collaboration et visibilité. »
Selon lui, la qualité de la formation proposée à l’IRIF est un atout considérable : « Notre force est dans notre potentiel à former d’excellents étudiants. Certains remportent des prix très rares en France. C’est aussi notre mission principale. » D’ailleurs, une bonne partie du budget est consacrée à la mobilité internationale : « Notre réseau de recherche nous permet d’avoir plusieurs laboratoires associés dont certains en Autriche, en Italie, en Israël, en Argentine, au Japon ou encore à Singapour. » Cette volonté d’échanges se traduit également par l’organisation de trimestres thématiques, de conférences régulières ou encore de l’Ecole de Printemps d’Informatique Théorique, créée en 1973 par Maurice Nivat, pionnier de l’informatique fondamentale, durant laquelle sont proposés des cours sur un sujet de recherche majeur.
Quels sont les nouveaux défis ?
L’objectif principal de l’IRIF reste le même : être en amont des recherches informatiques. Mais de nouveaux défis apparaissent fréquemment, ils sont notamment liés au développement des nouvelles technologies : « Deux grands domaines de recherche sont touchés : les sciences des données, qui acquièrent aujourd’hui une importance nouvelle, et celles du logiciel, qui doivent innover pour répondre aux nouveaux défis du numérique. Un autre impact est l’informatique quantique, qui utilise le potentiel d’une véritable rupture technologique, est maintenant à un horizon accessible. »
Un autre défi de taille concerne l’échange interdisciplinaire et universitaire : « nous l’appelons la « maturité de l’informatique » : le moment où nos concepts, tels que les algorithmes, sont amenés à être utilisés dans d’autres disciplines, comme en biologie ou en physique, afin de mieux comprendre ces dernières. »
En tout cas, nous confie Frédéric Magniez, la direction de l’IRIF est un plaisir : « C’est très agréable de diriger l’IRIF car nous avons d’excellents chercheurs et enseignants-chercheurs ! Je me vois, en quelques sortes, comme un chef d’orchestre, mais aussi comme le porte-parole du laboratoire auprès de l’extérieur. »