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Utiliser les robots, sans se faire manipuler

Les robots sont amenés à être de plus en plus présents dans nos vies… mais comment le gérerons-nous ? Serge Tisseron, psychiatre et chercheur associé au CRPMS (Centre de recherches psychanalyse, médecine et société), étudie la question depuis une vingtaine d’années déjà et propose plusieurs pistes pour un bon usage des robots.

Les robots engendrent souvent de la peur ou de la fascination. Comment l’expliquer ?

Nous sommes invités à les voir comme des créatures dotées de pouvoirs exceptionnels, et cela engendre à la fois de la fascination et de la peur. Cette idéalisation correspond au message que martèlent les médias et les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon), et elle rejoint aussi l’imaginaire de la science-fiction. En outre, il y a un aspect culturel : l’Occident a abandonné la réflexion sur la relation entre l’homme et ses objets. En conséquence, nous réagissons de manière « instinctive » aux robots : par l’attaque, la fuite ou la séduction.

Y a-t-il réellement des risques à voir se développer les robots ?

Le risque est d’oublier qu’il s’agit de machines derrière lesquelles il y a des programmeurs. Si nous développons trop d’empathie pour eux, ils prendront sur nous un formidable pouvoir de suggestion et de prescription. Ils récolteront nos données personnelles, apprendront à nous connaître et pourront influencer nos comportements. Car si les robots n’ont pas d’émotion, leurs fabricants, eux, ont un formidable désir de puissance !

Comment faire alors pour cohabiter au mieux avec les robots ?

D’abord ne jamais oublier qu’ils sont connectés. Nous essayons en outre de créer un test pour identifier les personnes les plus à même de les utiliser. Car au-delà d’un certain degré d’empathie, l’usage de la machine se complique : il est plus dur de la commander, de la remplacer… Bien sûr, il faudra aussi mettre en place des garde-fous : législatifs (veiller à la protection de nos données personnelles et interdire les publicités qui présentent les robots comme dotés d’émotions par exemple), technologiques (savoir débrancher les robots et être invité à se rappeler qu’il s’agit justement de machines, pourquoi pas en leur donnant des protections transparentes) et enfin éducatifs. Les robots vont s’adapter à nos personnalités : cela sera agréable… mais il faudra veiller à ne pas se faire manipuler, ce qui ne sera pas si facile !

 

Laboratoire

Centre de recherches psychanalyse, médecine et société

La médecine en devenant scientifique a profondément remanié ses méthodes, ses principes et ses moyens d’action. Jusqu’à ce tournant, la pratique médicale ressortait d’un type d’actions d’ordre religieux, magique ou sacré.