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DOCTOR HONORIS CAUSA
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Janet Dean Fodor

Janet Dean Fodor est née en Grande-Bretagne. Après des études de psychologie et philosophie à l’université d’Oxford, elle obtient sa thèse de linguistique au MIT sous la direction de Noam Chomsky.

Ses recherches se sont rapidement concentrées sur le traitement de la phrase, afin de découvrir les mécanismes psychologiques par lesquels l’humain comprend les phrases qu’il lit ou qu’il entend, avant de devenir professeur à CUNY (New York).

À la fin des années 70, peu de données expérimentales étaient disponibles, et il lui aura fallu courage et audace pour se lancer dans l’étude du traitement syntaxique. À peu près au même moment, en collaboration avec Lyn Frazier, elle a découvert les principales tendances, sans doute universelles, permettant d’assigner une structure hiérarchique à une suite linéaire de mots.

En 1988, Janet Dean Fodor et David Swinney ont fondé la conférence annuelle CUNY sur le traitement humain des phrases, qui en est aujourd’hui à sa 30e édition, grâce à la générosité de nombreuses autres universités. Il s’agit du principal forum international des recherches théoriques en psycholinguistique.

LE SENS DES MOTS

Janet Dean Fodor est une des figures fondatrices de la recherche en psycholinguistique et en linguistique expérimentale.

Ses travaux en sémantique des années 1970, ses modèles du traitement syntaxique de la phrase dans les années 1980, et ses travaux sur le rôle de la prosodie dans le traitement syntaxique dans les années 1990, ont eu une influence considérable, et comptent parmi les travaux les plus cités dans leurs domaines respectifs. Janet Dean Fodor incarne les vertus d'une approche de la linguistique qui combine une construction théorique sans concession avec une méthodologie expérimentale. Dans la décennie passée, l'importance d'une telle approche est devenue centrale dans la recherche internationale en linguistique, et en particulier dans la recherche pratiquée à l'université Paris Diderot.

Avec Atsu Inoue, Yuki Hirose et de nombreux étudiants depuis, elle a montré que cette traduction d’une séquence en structure syntaxique était sensible à la longueur des constituants. La poursuite de ce programme de recherche s’est appuyé pendant des années sur la collaboration avec des doctorants exceptionnels, à CUNY, avec des expériences sur des langues variées, comme l’arabe, le bulgare, le croate, le français, l’hébreu, le japonais, le mandarin, le russe, le turc et bien d’autres.

Une autre direction de recherche, conduite avec William Sakas, concerne l’acquisition des langues, et la question de l’“apprenabilité” du langage, c’est-à-dire le développement de modèles théoriques permettant à l’enfant de fixer des paramètres syntaxiques selon la langue, et de les tester par simulation informatique.
Plus généralement, le travail de Janet Fodor démontre de manière exemplaire l'impact d'une pratique interdisciplinaire des Sciences du langage basée sur le dialogue entre analyse linguistique, psychologie expérimentale et approches computationnelles.

Janet Dean Fodor a été invitée par l’université Paris Diderot en 2003 puis en 2013 dans le cadre de la chaire internationale du Labex “Empirical Foundations of Linguistics”. Pendant ces visites, elle a partagé son expertise avec les doctorants et les chercheurs en Science du langage. Ces échanges sur le rôle de la prosodie implicite en acquisition et en traitement des phrases ont fortement influencé les recherches réalisées à l’UFR Linguistique. Deux membres du Laboratoire de Linguistique Formelle (Jean-Marie Marandin et Barbara Hemforth) ont d’ailleurs été invités à participer à une journée d’étude et à un ouvrage publié, en son honneur, en 2015.