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Infarctus du myocarde : prévenir la récidive

Après un infarctus du myocarde, les patients survivants sont à risque de nouvel évènement cardiovasculaire et ce risque est proportionnel au taux résiduel de « mauvais » cholestérol LDL, même chez les patients recevant un traitement intensif par statines.

L’essai ODYSSEY OUTCOMES coordonné par le Professeur Philippe Gabriel Steg du département de cardiologie de l’hôpital Bichat AP-HP et de l’université Paris Diderot/USPC, a été mené auprès de 18 924 patients dans plus de 50 pays avec le réseau FACT – French Alliance for Cardiovascular Trials labellisé par F-CRIN (Inserm) et le Dr G. Schwartz de l’University of Colorado School of Medicine.

Les résultats montrent, après un suivi moyen de 2,8 ans, une réduction du risque d'évènement cardiovasculaire d'environ 15% chez les patients traités par alirocumab ainsi qu’une mortalité plus basse.

Ces résultats publiés le 7 novembre dans la revue The New England Journal of Medicine, suggèrent que l’injection de cet inhibiteur de PCSK9 pourrait contribuer à améliorer le pronostic de ces patients à risque.

Une nouvelle classe médicamenteuse, les inhibiteurs de PCSK9 est capable d'abaisser de plus de 50% le taux résiduel de cholestérol LDL, en plus du traitement par statines. L'un de ces médicaments, l'alirocumab (Praluent, Sanofi) a été testé dans le grand essai clinique randomisé en double aveugle contre placebo ODYSSEY OUTCOMES, portant sur des patients ayant un cholestérol LDL supérieur à 70 mg/dL malgré un traitement maximal par statines.

Ces médicaments sont dérivés de la découverte par l'équipe du Pr Catherine Boileau de mutations du gène de PCSK9 associés à une hypercholestérolémie familiale (Boileau C et al Nature Genetics, 2003). L’alirocumab est un anticorps monoclonal, le PCSK9 pour proprotein convertase subtilisin-kexin type 9. Il agit sur les récepteurs du cholestérol qui attirent le cholestérol LDL et le détruisent.

Un groupe de patients d’au moins 40 ans et ayant été hospitalisé pour un accident cardiovasculaire a reçu l’alirocumab par injection et un deuxième groupe un placébo.

Le groupe alirocumab présentait des taux plus bas de LDL en moyenne de 40 à 66mg/dl comparés à des taux plus élevés dans le groupe placebo atteignant 93 à 103 mg/dl.

En détails, une réduction des évènements cardiovasculaires majeurs a été constatée dans le groupe alirocumab (1052 vs 903 évènements, soit 11,1% dans le groupe placebo contre 9,5% dans le groupe alirocumab).

Les chercheurs ont également constaté que la mortalité a été plus basse dans le groupe traité (3.5% contre 4,1% dans le groupe placebo).

La tolérance du traitement a été très bonne sur la durée du suivi, avec en particulier aucun excès de risque de trouble cognitif, de diabète ou d'élévation de la glycémie.

Cet essai suggère que l'addition d'un inhibiteur de PCSK9 par injection au traitement post infarctus par statines pourrait contribuer à améliorer le pronostic de ces patients. Les seuls effets secondaires étaient mineurs et limités à des démangeaisons ou un gonflement au niveau du site d’injection.

L'essai ODYSSEY OUTCOMES a été financé par Sanofi et Régénéron. Les données ont été analysées par le groupe universitaire du Dr M. Szarek à SUNY Downstate School of Medicine, Brooklyn, New York.

 

Sources

Alirocumab and Cardiovascular Outcomes After Acute Coronary Syndrome

Gregory G. Schwartz, M.D., Ph.D.,* Ph. Gabriel Steg, M.D.,* Michael Szarek, Ph.D., Deepak L. Bhatt, M.D., M.P.H., Vera A. Bittner, M.D., M.S.P.H., Rafael Diaz, M.D., Jay M. Edelberg, M.D., Ph.D., Shaun G. Goodman, M.D., M.Sc., Corinne Hanotin, M.D., Robert A. Harrington, M.D., J. Wouter Jukema, M.D., Ph.D., Guillaume Lecorps, M.Sc., Kenneth W. Mahaffey, M.D., Angèle Moryusef, M.D., Robert Pordy, M.D., Kirby Quintero, R.N., Matthew T. Roe, M.D., M.H.S., William J. Sasiela, Ph.D., Jean-François Tamby, M.D., Pierluigi Tricoci, M.D., M.H.S., Ph.D., Harvey D. White, DSc., and Andreas M. Zeiher, M.D., for the ODYSSEY OUTCOMES Committees and Investigators.

The New England Journal of Medicine, 7 novembre 2018

financement d'excellence

Infarctus : soigner le mal à la racine

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Laboratoire

Laboratoire de recherche vasculaire translationnelle

Le Laboratoire LVST est associé à l’Inserm, à l’université Paris Diderot, et à l’université Paris Nord. Composé d'environ 150 personnes, il a une approche transdisciplinaire avec les objectifs de lutte contre les pathologies vasculaires.