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Une mémoire sous influences

Si les mécanismes du cerveau sont mieux connus aujourd’hui, ceux qui sont en jeu dans la persistance de nos souvenirs restent peu connus, du fait de leur complexité. Giuseppe Gangarossa lève le voile sur les facteurs qui facilitent la mémorisation à long terme, comme la motivation induite par une récompense. 

« Si un restaurant vous a beaucoup plu ou terriblement déçu, vous en retiendrez l’adresse bien plus longtemps que si vous l’aviez trouvé banal, n’est-ce pas ? ». Pour Giuseppe Gangarossa, maître de conférences à l’université Paris Diderot, membre de l’Unité de Biologie Fonctionnelle et Adaptative (équipe C2OFFEE), si nos souvenirs sensoriels – gustatifs et olfactifs, notamment – résistent si bien à l’épreuve du temps, c’est parce qu’ils nous sont utiles.

« Cette utilité peut être d’ordre pratique ou tout à fait personnelle, voire purement émotionnelle, surtout lorsqu’elle est associée au plaisir », poursuit le chercheur qui s’intéresse aux effets de la prise alimentaire sur le cerveau. Chez les rongeurs avec lesquels il travaille, la mémorisation de taches compliquées est d’autant plus rapide et durable lorsqu’une récompense appétissante attend les souris à la clé. « Le sucre, ainsi que certains lipides, activent le circuit de la récompense qui agit sur la motivation. Un facteur clé pour apprendre et donc mémoriser. »
 

Un remodelage incessant des souvenirs

Car tout souvenir repose sur une forme d’apprentissage. D’un point de vue physiologique, ce phénomène se matérialise par des réorganisations incessantes au sein du cerveau, où se créent, se renforcent ou se défont des réseaux complexes entre différents groupes de neurones. La mémoire correspond ainsi à la réactivation de la trace qui s’est inscrite dans notre cerveau, de manière plus ou moins durable. « Si nous savons que certains facteurs comme une bonne alimentation, le sommeil ou un état émotionnel fort facilitent la mémorisation à long terme, nous connaissons très peu de choses sur la vie d’une trace mnésique dans le cerveau » explique Giuseppe Gangarossa. Mais sa persistance semble associée à de nombreux phénomènes : modifications structurelles, moléculaires, génétiques, neurogénèse… »

Suivre ces évolutions physiologiques dans le cerveau humain au cours du temps reste encore très compliqué, car nous ne possédons ni les outils ni les cohortes nécessaires. En revanche, sur des modèles animaux, l’optogénétique ouvre de nouvelles perspectives pour étudier, de manière extrêmement précise, le rôle des différents circuits neuronaux impliqués dans la mémoire à long terme et leurs transformations.

 

Giuseppe Gangarossa est éditeur du blog CNRS « Aux frontières du cerveau » auquel contribuent de nombreux chercheurs en neurosciences.

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