L’Exposition universelle de 1867, comme si vous y étiez
Le projet USAPARIS1867, coordonné par l’historien des images François Brunet, a l’ambition de proposer une visite immersive, en 3D, de l’Exposition universelle de 1867. Un travail de longue haleine, permis grâce à l’analyse de milliers de photographies et stéréographies de l’exposition.
En 1867, la France reçoit la septième Exposition universelle. Napoléon III voit les choses en grand : sur le Champ-de-Mars, il fait construire un vaste palais elliptique et aménager un parc où sont érigés une centaine de pavillons éphémères. Pour immortaliser cette manifestation, qui attire 52 000 exposants et 11 millions de visiteurs internationaux, les organisateurs font appel à des photographes officiels qui mitraillent l’exposition sous toutes ses coutures.
Zoom sur les États-Unis
Plusieurs milliers de clichés sont ainsi réalisés, dont 2 000 vues stéréoscopiques – des couples d’images planes qui, vus au travers de lunettes, forment une image en relief. « À partir de ce corpus gigantesque et grâce aux technologies numériques, nous proposons de reconstituer une partie de l’événement sous la forme d’un parcours de visite immersif », explique François Brunet, directeur du laboratoire de recherche sur les cultures anglophones de l’université Paris Diderot.
Au vu de l’ampleur de l’exposition, le projet, mené en collaboration avec l’américain Gary Van Zante du MIT Museum, se concentre sur la présence des États-Unis à Paris. Le pays, qui en 1867 débute son ascension sur la scène internationale, expose ses moissonneuses-batteuses John Deere, ses machines à coudre Singer, ses pianos Steinway… Autant de technologies fascinantes auxquels les chercheurs proposent de redonner corps.
De la stéréoscopie à l’image animée
L’objectif de François Brunet n’est pas de re-créer le passé avec des images de synthèse, mais bien de le faire ressurgir, en relief, à partir des données historiques numérisées. À l’aide d’outils de triangulation, les photographies des salles et des objets exposés gagneront en profondeur. Quant aux vues stéréoscopiques, elles pourraient être présentées sous forme d’images animées, en 3D, visualisables sur écran et sans lunettes. « Informaticiens, géographes, historiens de l’art : toute une panoplie de disciplines est mobilisée pour réaliser ce travail fastidieux qui rendra hommage à la qualité des images et à la modernité de la mise en scène pensée à l’époque », précise le chercheur.
Le projet nécessitant de nouveaux financements, son développement est momentanément suspendu. Mais il intéresse déjà de grands musées de part et d’autre de l’Atlantique, et le résultat pourrait être présenté au grand public en 2020 ou 2021.