"Le rêve des formes" au Palais de Tokyo
Le Palais de Tokyo sera immergé par des dunes de sable au cours de l’exposition « Le Rêve des Formes » grâce à la collaboration entre Sylvain Courrech du Pont, physicien du laboratoire MSC (UMR université Paris Diderot, CNRS), Hicham Berrada, plasticien et Simon de Dreuille, architecte. Pour son vingtième anniversaire, Le Fresnoy, studio national des arts contemporains, explorera le lien entre formes, art et découvertes scientifiques et technologiques, au sein d’une exposition au Palais de Tokyo qui verra le jour du 14 Juin au 10 Septembre 2017.
Une collaboration entre arts et sciences
Habitué des collaborations avec des scientifiques, Hicham Berrada met la méthodologie scientifique au service de son art. « Mon travail est relativement orienté vers les sciences qui sont, pour moi, un outil pour pouvoir agir sur le réel ». Cet artiste renouvèle l’expérience en travaillant avec Sylvain Courrech du Pont, un physicien spécialisé en géomorphologie. Issu du laboratoire Matières et Systèmes Complexes (MSC), le chercheur étudie les formes de la nature, en lien avec la mécanique des fluides comme les formes d’érosion dues aux écoulements, la dissolution des roches mais il se penche également sur des thèmes de recherche plus appliqués avec notamment l’étude des éoliennes.
Leur rencontre, par l’intermédiaire d'Annick Lesnen chercheure à l'UPMC et Alain Fleischer, directeur de l’école du Fresnoy, lors de groupes de parole, a donné naissance à un travail collaboratif de 6 mois aboutissant à la création d’une œuvre plastique évolutive pour célébrer le vingtième anniversaire de l’école au travers d’une exposition intitulée « Le Rêve des Formes ». « Il s’agit de formes en évolution, qui se maintiennent à la différence d’un objet « mort », comme une sculpture », nous confie Hicham Berrada.
L’œuvre qui envahit le Palais de Tokyo
Les deux hommes ont recouvert l’espace d’exposition d’une immense maquette mobile, réalisée avec l’architecte Simon de Dreuille, présentant des dunes de sable à l’intérieur d’un aquarium. « L’expérience correspond au glissement d’un plateau dans l’eau, sur lequel sont disposées les dunes. Le plateau fait des mouvements d’aller-retour : rapide dans une direction, et lent dans l’autre, pour éviter le transport de matière quand le plateau revient au point de départ », résume Sylvain Courrech du Pont, « ces mouvements vont simuler l’action d’un vent qui forme des dunes à petite échelle et les fait bouger ». La simulation du vent sur les dunes sera effectuée avec de l’eau, un milieu qui permet de réaliser plus simplement une expérience qui serait impossible dans l’air. « Dans l’air, la taille minimale d’une dune est de six mètres ; l’eau étant huit cents fois plus dense, on peut former des dunes huit cent fois plus petites », explique le physicien.
Le phénomène sera filmé et projeté chaque jour sur un des murs de la salle d’exposition, un film évolutif qui incitera les plus curieux à visiter plusieurs fois l’exposition s’enthousiasme Hicham Berrada : « Il y aura une vidéoprojection, d’environ douze mètres de large. Les dunes étant à une échelle d’un millième, l’agrandissement et la vidéoprojection permettront l’observation d’un désert à l’échelle quasi réelle. L’idée est d’obtenir un film qui grandira au cours du temps ».
Une expérience enrichissante qui invite au questionnement
Même si très éloignée de son quotidien de chercheur, cette expérience insolite reste tout de même particulièrement enrichissante pour Sylvain Courrech du Pont, pour qui ce type de collaboration et de projet constitue, avant tout, un apport personnel. Etant spécialisé en géomorphologie, ce projet reste donc étroitement lié à son domaine de recherche où rigueur scientifique et flou artistique s’allient afin de créer l’œuvre la plus proche possible de la réalité. Si l’objectif est purement esthétique, les techniques requises pour la réalisation de l’expérience demeurent très scientifiques. « Pour mes projets de recherche nous avons dû élaborer un distributeur de sable automatisé afin que la même dose de sable soit versée, à chaque fois, au même endroit », relève le physicien. « Paradoxalement, pour les besoins de l'exposition il a aussi fallu modifier le programme pour créer des tailles de dunes plus aléatoires afin d’obtenir un film un peu plus vivant. »
Cette expérience est aussi l’occasion, selon Sylvain Courrech du Pont, d’amener le public à mieux apprivoiser les sciences à travers une démonstration simple. « C’est une occasion d’attirer les gens vers les sciences, de montrer que le monde qui nous entoure est plein de questions simples et encore ouvertes. De plus, l’œuvre invite à l’observation, et savoir observer est, selon moi, une des qualité principale d’un scientifique : observer, reconnaître et questionner. Si on peut amener le public à observer et à questionner ce qu’ils observent, c’est super. »
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