Guillaume Chapuy : l’as de la combinatoire
Le spécialiste d’informatique mathématique Guillaume Chapuy est lauréat d’un ERC Starting Grant. Ce chercheur du laboratoire IRIF (institut de recherche en informatique fondamentale) a obtenu cette bourse européenne pour mener ses recherches en combinatoire énumérative.
« Quand j’ai appris la bonne nouvelle, j’ai ressenti le poids de la responsabilité. Cette bourse européenne, qui représente beaucoup d’argent, a valeur contractuelle. C’est-à-dire que je vais devoir « embaucher » des post-doc et des doctorants pour avancer sur les projets de recherche très précis que j’ai décrits dans ma candidature ». L’ERC, qui lui assure une tranquillité (relative) les cinq années à venir, a été difficile à décrocher. Guillaume Chapuy a rédigé un dossier de candidature de dix-neuf pages très exigeant, avec la complicité des équipes de la cellule d’aide du CNRS et de ses confrères. « J’ai la chance d’être entouré de chercheurs qui ont déjà obtenu un ERC. C’est sûr que leurs conseils m’ont aidé ». En juin dernier, lors de l’oral à Bruxelles, il a trouvé les arguments pour convaincre ses pairs de lui accorder cette bourse très sélective. Seulement une quinzaine de mathématiciens européens l’ont obtenue cette année.
A 34 ans, Guillaume Chapuy touche donc une importante somme pour mener ses travaux en combinatoire énumérative. Ce pan de la recherche, à cheval entre les maths et l’informatique, est très vivant. La combinatoire intéresse à la fois les informaticiens qui veulent développer des analyses algorithmiques et les physiciens des particules par exemple. « La combinatoire est peu enseignée, pourtant beaucoup de chercheurs s’y intéressent. J’ai découvert cette discipline lors de ma scolarité à l’ENS grâce aux contacts importants avec le monde de la recherche, mon goût pour la combinatoire n’a fait que croitre au cours de ma thèse à l’école Polytechnique ».
« Paris concentre de grands mathématiciens »
Recruté par le CNRS en 2010, Guillaume Chapuy a rejoint le laboratoire LIAFA, devenu IRIF. Après deux ans au Canada, il revient à Paris pour approfondir ses recherches en combinatoire des graphes topologiques. « Ce sujet n’est pas tiré du chapeau, il joue un rôle important dans de nombreux domaines, comme la physique mathématique, la géométrie ou la bioinformatique. La combinatoire, c’est des mathématiques concrètes mais qui restent fondamentales ». Le mathématicien appartient à une équipe experte au sein de son laboratoire, il passe des journées entières devant ses deux tableaux dans son bureau, feutre Velleda à la main, à tenter de découvrir des nouveaux théorèmes. « Je suis rarement seul, je travaille avec mes collègues. La recherche en mathématiques est le plus souvent le résultat d’un travail collectif, c’est d’ailleurs pour cela que je suis content d’être revenu à Paris, cette ville concentre d’excellents mathématiciens ». Le jeune chercheur est assidu aux séminaires hebdomadaires organisés dans le bâtiment Sophie Germain afin d’écouter les meilleurs mathématiciens parisiens ou de passage dans la capitale. Attentif aux avancées à l’étranger, il participe à l’organisation d’un grand rassemblement de chercheurs du monde entier en combinatoire qui aura lieu de janvier à mars 2017 à l’institut Henri Poincaré. « On attend environ 150 scientifiques ».