Densité bâtie, vote politique et reconquête urbaine dans le Grand Paris
Les associations environnementales dans le Grand Paris sont de plus en plus nombreuses. Au sein du programme interdisciplinaire « Politiques de la terre » (Paris-Diderot, Paris-13 et Sciences Po), Nathalie Blanc, artiste, géographe et directrice du LADYSS, co-anime l’axe Civic’Act dont l’objectif est de mieux connaître l’influence des facteurs socioéconomiques sur les enjeux environnementaux et l’engagement citoyen.
Pourquoi vous être intéressée à l’engagement associatif pour l’environnement dans le Grand Paris ?
Au cours de ces vingt dernières années, le nombre de collectifs pour l’environnement a beaucoup augmenté. Ces initiatives, multiples, diversifiées et très parcellisées, sont mal connues et aucune base de données, d’ensemble et à jour, ne les recense. Elles sont pourtant le lieu d’une expression politique et citoyenne. Par notre approche, nous interrogeons les liens entre leurs activités et les inégalités socioterritoriales. Nous espérons aussi montrer que ces activismes locaux ne s’insèrent pas uniquement dans une dynamique de gentrification, comme cela peut leur être reproché.
Quelles relations avez-vous pu observer entre les différents territoires et la mobilisation collective ?
En mettant en relations les données sur les associations et les collectifs environnementaux avec différents facteurs, nous avons pu mettre en évidence une corrélation importante entre la densité construite, le vote politique et les desseins poursuivis par des organisations collectives. Ainsi, les communes du Grand Paris les plus denses se caractérisent souvent par des votes extrêmes et l’abstention, et hébergent des associations très engagées dans la reconquête urbaine. Les communes un peu moins densément construites, plutôt favorisées, se distinguent par un vote écologiste notable et comptent un grand nombre d’associations. Enfin, les villes les moins denses, et donc plus vertes, sont généralement dominées par le vote à droite et les associations qui y interviennent sont davantage tournées vers la protection de la nature que la transformation du territoire.
Le LADYSS, que vous dirigez, travaille en étroite collaboration avec la Coalition pour l’art et le développement durable (COAL). Quelle place l’art occupe-t-il dans les collectifs environnementaux ?
De très nombreux artistes rejoignent les mouvements locaux ; l’art et l’écologie se rencontrent partout. Que ce soit à travers la pratique du jardinage partagé, la collecte de recettes et savoir-faire culinaires locaux, ou la création de sentiers, on voit apparaître des expressions esthétiques collectives, une fabrique et un art de l’environnement.