Comment limiter la chaleur dans les villes ?
En tant que stratégie de rafraîchissement, l’arrosage urbain s’impose comme un moyen de réduire l’intensité des îlots de chaleur, ces pics de température localisés. Dans le cadre de sa thèse en physique, Martin Hendel a mené une expérimentation d’arrosage à Paris.
Mercredi 21 juin, devant le 46 rue du Louvre à Paris, le thermomètre affiche 38°C. Martin Hendel, chercheur au LIED – laboratoire interdisciplinaire des énergies de demain (UMR CNRS-université Paris Diderot), s’active autour de ses appareils de mesure, accueillant cet épisode caniculaire avec le sourire. Les conditions sont idéales pour l’expérimentation qu’il mène ici depuis près de trois ans qui en est à présent à son cinquième 5e été, dans le prolongement de sa thèse soutenue fin 2015. Le jeune chercheur étudie la pertinence d’exploiter le réseau d’eau non potable pour humidifier la chaussée lors des épisodes de forte chaleur.
Appliquer une méthodologie à une pratique ancestrale
Les passants, dubitatifs, l’interpellent : « On le sait depuis longtemps, qu’arroser rafraîchit ! ». Mais si la pratique est ancestrale, sa compréhension fine reste encore à explorer. « Si l’on veut faire de l’arrosage une politique publique de lutte contre la chaleur, il faut quantifier et définir une méthodologie », indique le chercheur. L’été, en ville, la température gagne par endroits – les fameux îlots de chaleur –, entre 3°C et 10°C par rapport à la campagne, affectant la qualité de vie et causant des problèmes sanitaires.
Rue du Louvre, une laveuse dépose un film d’eau sur une zone témoin (200m x 20m) à une périodicité régulière, tandis que deux stations météo mesurent – l’une dans la zone arrosée, l’autre en dehors, l’une sur le trottoir à hauteur des piétons et l’autre sur la chaussée à 4 m – le rayonnement, la température, la vitesse du vent et les échanges de chaleur, complétées par une caméra thermique.
Efficacité prouvée
Résultat, « avec malgré une hausse de l’humidité relative de 5 %, l’impact sur le stress thermique des passants est positif : jusqu’à 2,5 à 3°°C de moins en ressenti, preuve que l’arrosage rivalise avec d’autres solutions comme l’emploi de revêtements réfléchissants ». Et ce, pour une dépense quotidienne de seulement 2,2 l/m2. Si l’on arrosait ainsi tout Paris, 25 litres d’eau par personne et par jour suffiraient, « l’équivalent d’une petite douche ». Mais ce n’est pas le but, précise le jeune chercheur : « il faut voir l’arrosage comme une solution d’urgence, pour soulager les personnes sur des zones d’attente spécifiques ou des chantiers par exemple ».
L’équipe travaille d’ailleurs avec les géographes et économistes du LIED, pour la mairie de Paris, à l’identification des zones à arroser en cas de canicule pour protéger au mieux les piétons des chaleurs extrêmes. Il faut à présent poursuivre les recherches avant de concevoir, par exemple, un système d’humidification automatique basé sur la connexion entre le revêtement et le réseau d’eau non potable.