EURIP, la transdisciplinarité pour philosophie
Mardi 24 octobre dernier, le projet EURIP a été sélectionné avec 28 autres lauréats pour renforcer l’impact et l’attractivité internationale de la recherche et des études supérieures françaises.
L’Ecole Universitaire de Recherche Interdisciplinaire de Paris (EURIP), projet soumis par USPC et porté par les universités Paris Diderot et Paris Descartes, est adossé au Centre de Recherche Interdisciplinaire (CRI) et au financement d’excellence IDEFI de l’Institut Innovant de Formation par la Recherche. Il est également soutenu par la Fondation Bettencourt Schueller. Le projet est porté par Francois Taddei, Ariel Lindner, Sophie Pène, Vincent Danos, David Tareste2 et Pascal Hersen.
Ce nouveau volet du PIA 3 a pour vocation de financer des projets de graduate school rassemblant des formations de master et de doctorat adossées à un ou plusieurs laboratoires de recherche de haut niveau. L’écosystème d’EURIP regroupe déjà un grand nombre de laboratoires en France et à l’étranger, des partenaires publics et privés, et entretient des relations fructueuses au niveau doctoral avec des institutions prestigieuses et plusieurs Labex.
La transdisciplinarité comme philosophie
Le projet EURIP s’appuie sur l’offre de formation du CRI : le master AIRE (Approches Interdisciplinaires et Innovantes de la Recherche et de l’Enseignement) et l’Ecole Doctorale FdV (Frontières du Vivant). Ces deux formations d’excellence ont un positionnement sans équivalent ; elles forment par la recherche, la pédagogie de projet et la transdisciplinarité. Outre des cours, des ateliers scientifiques et des conférences internationales, les étudiants développent des compétences transverses (soft skills) en travaillant en groupes projets (design, entrepreneuriat, collaboration, éthique, valorisation).
Le Master AIRE, dirigé par Pascal Hersen est central dans le projet d’EUR. Lors de sa création, l’idée était de compléter l’offre de formation existante en proposant aux étudiants une formation à la frontière entre plusieurs disciplines telles que biologie, la physique, les mathématiques ou les sciences humaines.
« Avec la création du master en science du vivant, nous avons changé la manière de voir les choses en recrutant des profils très variés, issus de formations complémentaires et en les faisant travailler ensemble sur le thème de la biologie quantitative. Ce qui nous intéresse, ce n’est pas tant la connaissance disciplinaire mais plutôt l’envie qu’a un étudiant de découvrir les frontières des sciences du vivant. Depuis, toutes nos formations suivent la même philosophie. » indique Pascal Hersen1.
EURIP rassemble Master et Doctorat pour l’étude des interfaces entre les sciences du vivant, du numérique et de l’éducation en reliant les mondes académiques et économiques. La santé et l’apprentissage tout au long de la vie, enjeux sociétaux et scientifiques majeurs, sont en effet transformés par le numérique. Former les étudiants à ces interfaces encore peu explorées suppose qu’on adjoigne aux méthodes scientifiques l’innovation collaborative, les sciences citoyennes et l’entrepreneuriat.
« Sachant que seulement ¼ des doctorants auront un poste dans la recherche académique, l’une des missions principales d’EURIP est aussi de préparer les étudiants à des trajectoires professionnelles alternatives à celles du milieu académique. Ceci nécessite un système d’accompagnement renforcé et personnalisé sous la forme de mentorat entre les étudiants eux-mêmes mais mettant également à contribution des acteurs des secteurs académiques, privés et associatifs. » explique David Tareste.
International et numérique, une combinaison gagnante
Aujourd’hui, le master et l’ED du CRI sont dispensées en anglais et nombreux sont les étudiants étrangers. La moitié des 9 355 000 € alloués pour EURIP sera consacré à des bourses de master et de thèse. L’objectif est d’attirer les meilleurs étudiants internationaux en finançant leur venue en France. Un jalon intermédiaire, après le master, s’assurera que la thèse ait du sens et s’intègre parfaitement dans l’école doctorale FdV. Pour Pascal Hersen « avoir 50% d’étudiants étrangers crée une dynamique exceptionnelle d’un point de vue culturel et scientifique, c’est une valeur ajoutée très forte pour les personnes formées.»
Un nouveau parcours axé autour du numérique, de l’intelligence artificielle et du big data sera créé et intégré au programme EURIP. « Cela fait plusieurs années que nous souhaitons développer les interfaces entre éducation, numérique et science du vivant. Avec ce nouveau parcours, nous explorerons les différentes formes d’intelligence et d’apprentissage, à l’échelle de l’humain, du vivant et de la machine. »
« Le statut dérogatoire, unique en France, de FdV lui permettra d’accueillir toujours plus de doctorants et laboratoires, en marge des périmètres disciplinaires classiques et souhaitant explorer ces nouvelles interfaces qui n’entrent dans aucune case prédéfinie. »
Les fonds perçus permettront aussi la création d’un tronc commun dédié aux « soft skills ». L’idée est d’apprendre aux étudiants à présenter leurs projets à l’oral et à l’écrit, à faire de la médiation scientifique, à monter des associations ou des entreprises. Mais, à l’image de la pédagogie existante au CRI, ce sont également les étudiants qui proposeront des cours dont ils considèreront avoir besoin.
Et bien sûr, le reste du budget alloué permettra de recruter des chargés de cours, de faire venir des chercheurs invités, de donner la possibilité aux étudiants de participer à des universités d’été ou encore de financer des learning expeditions.
2018 : naissance d’un mini campus interdisciplinaire
Il y a un peu plus de dix ans, le CRI rassemblait quelques étudiants et chercheurs. Depuis, du chemin a été parcouru. En septembre 2018, de nouveaux locaux de 5600m2 entièrement rénovés ouvriront rue Charles V dans le 4e arrondissement de Paris. Ce mini campus totalement dédié à l’interdisciplinarité accueillera le master AIRE, l’école doctorale FdV, des chambres pour les étudiants et les chercheurs invités, le programme de licence FdV, des laboratoires de recherche et, bien sûr, EURIP. À l’avenir, le CRI aimerait devenir un lieu de catalyse pour les étudiants et les enseignants chercheurs d’USPC, mais aussi d’autres universités à l’échelle nationale et internationale.
1 Cofondateur et Directeur du programme de master AIRE, Pascal Hersen est également Directeur de Recherche CNRS en biophysique au laboratoire Matière et Systèmes Complexes (Paris Diderot/CNRS)
2 Directeur-adjoint de l’école doctorale FdV, David Tareste est chercheur INSERM au Centre de Psychiatrie et Neurosciences de l’université Paris Descartes.