Une campagne océanographique pour étudier l’impact des poussières du Sahara
Une équipe internationale de 40 scientifiques parcourra la mer Méditerranée à bord du navire océanographique « Pourquoi pas ? », de l’Ifremer, du 10 mai au 11 juin 2017. Leur but : partir à la recherche de dépôts atmosphériques de poussières sahariennes afin d’étudier les processus à l’œuvre à l’interface entre atmosphère et océan.
À bord, et sous la responsabilité de Karine Desboeufs, Professeure au Laboratoire Interuniversitaire des Systèmes Atmosphériques (UMR CNRS, université Paris Diderot, université Paris-Est Créteil) et Cécile Guieu, chercheuse du Laboratoire d'Océanographie de Villefranche-sur-Mer/Observatoire Océanologique de Villefranche-sur-Mer (CNRS, Université Pierre et Marie Curie), l'équipe scientifique associera des observations in situ dans l’atmosphère et l’océan à des études de processus dans la colonne d’eau pour caractériser les propriétés chimiques, biologiques et physiques de l’atmosphère, de la microcouche de surface marine, et des couches plus profondes de la Méditerranée.
L’idée de cette campagne, qui associe atmosphéristes et océanographes, est d’avoir un suivi du continuum air-mer. Au cours des 31 jours de traversée et quelques 15 points d’étapes, des mesures similaires seront faites dans l’air et dans l’eau pour comprendre comment l’atmosphère impacte la composition de l’eau de mer et la biosphère marine, mais également, à inversement, comment cette biosphère peut impacter la composition atmosphérique.
Le choix de la Méditerranée n’est pas anodin car il s’agit d'une région où la vie aquatique est très pauvre car les éléments nutritifs y sont rares, ce qui explique la clarté de son eau. Le phytoplancton, c’est à dire les algues microscopiques vivant à la surface de la mer, qui représente le premier maillon de la chaine alimentaire va dépendre de la disponibilité de ces nutriments. Les arrivées de poussières désertiques, en libérant à la surface de l’eau un certain nombre de nutriments, vont permettre au phytoplancton de se développer.
« Les dépôts de poussières désertiques en permettant le développement du phytoplancton peuvent relancer la chaîne trophique. D’autre part, ces développements d’algues permettent par photosynthèse de capter le CO2 atmosphérique, principal gaz à effet de serre. Or, lorsque le phytoplancton meurt, nous avons alors à faire à un véritable puits de carbone vers les fonds de l’océan. Grâce à cette campagne océanographique nous aimerions quantifier cette pompe biologique du carbone afin d’améliorer les prévisions du climat futur. Par ailleurs, les températures allant en augmentant, nous allons connaître de plus en plus d’épisodes désertiques et donc des dépôts de poussières. Ce que nous voulons faire pendant ces quelques semaines en mer, c’est comprendre l’ensemble de la chaîne. » Explique Karine Desboeufs.
Sur le navire, l’équipe de scientifiques sera en contact permanent avec une équipe à terre. Cette dernière les informera des dernières prévisions météorologiques à l’aide d’images satellites et de modèles. En cas de prévision d’un évènement de poussières désertiques, le navire sera détourné de son trajet pour aller sur la zone de dépôt identifiée.
Pour suivre en images la campagne océanographique PEACETIME
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Suivez le compte Twitter : @peacetimecruise
Image : illustration d’un événement de transport de poussières sahariennes en Méditerranée occidentale dont une partie se dépose en mer (vu par un satellite, NASA image).